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Quelle est la différence entre savoir par coeur et savoir par le coeur ? La même qu'entre mnémotechnie et cardognosie ?
J'ai lu avec intérêt un papier, publié dans le supplément hebdomadaire récent [1] du journal de la droite [2] , où l'auteur relate partie des confidences d'une greffée du coeur qui ,depuis cette intevention chrirugicale, se souviendrait de rêves dont elle attribue le contenu, l'origine, les particularités, aux souvenirs personnels de la donneuse d'organe.
Certes, il y a une différence entre digérer un aliment carné et héberger un organe exogène, mais j'ai pu lire dans des travaux d'ethnologues, à propos d'anthropophagie, l'évocation de croyances magiques selon lesquelles assimiler le corps d'autrui permettrait de s'approprier des caractéristiques de sa personnalité.
La schématisation extrême d'une telle approche du développement personnel est celle d'Eslie Crisler Segar prêtant à Pop-Eye-le-marin une santé de fer et une vigueur d'acier puisées dans la manducation régulière d'épinards, chenopodiacée supposée remarquable par sa teneur en fer.
Si le rêve est, comme l'esquisse la théorie du chamanisme, la manifestation des traces d'un état de soi dans lequel le double prend ses distances avec le corps matériel, pourquoi un être humain de type chimérique - au sens d'agrégat de génotypes différents, ce qui est la conséquence des hétérogreffes - ne serait-il pas l'hôte de rêves dont l'origine résiderait dans deux distorsions juxtaposées , celle du corps dominant et celle du corps fragmentaire hôte du dominant ?
[1] TV Magazine, n° 20 878, 18 au 24 septembre 2011, pages 16 et 18
[2] Ce journal revendiquant lui-même, à longueur d'éditoriaux, cette position, je ne vois pas pourquoi utiliser une autre manière allusive de le désigner...
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Jolie, cette idée d'un savoir - intime - par le coeur ! Avec le meilleur souvenir d'un hippocampe associé.
En effet, même si le concept de l'homme-chimère a déjà été mis en page, en texte, par des auteurs de polars (je pense à Boileau-Narcejac avec Et mon tout est un homme, par exemple) ou de Fantastique, son irruption dans l'autobiographie semble un fait nouveau.
Une adaptation au théatre serait envisageable (adaptation de l'idée, pas du livre...encore que ?).
Quelque chose comme Coeur associé (au singulier, bien sûr !).
Le cœur de Charlotte Valandrey se souviendrait...
" Dans son dernier livre, l’actrice française sous-entend que les cellules de l’organe qu’on lui a greffé ont une mémoire. Une thèse réfutée par le monde médical. "
Thérèse Courvoisier
Ça ressemble à un roman fantastique fleur bleue qui aurait pu être signé par Guillaume Musso ou Marc Levy, et pourtant, De cœur inconnu, le dernier livre de Charlotte Valandrey, est un témoignage. L’actrice française, aussi connue pour son rôle dans Les Cordier, juge et flic sur TF1 que pour l’annonce de sa séropositivité en 1987 à l’âge de 19 ans, raconte une histoire incroyable: la sienne.
Résumé de ce récit sidérant: fatigué par des années de trithérapie, le cœur de Charlotte Valandrey est au bout du rouleau. Malgré sa séropositivité, elle en reçoit un nouveau en 2003. Deux ans après cette greffe réussie, elle se met à faire un cauchemar récurrent, celui d’un accident de voiture dont elle est victime. Aucun doute pour elle, il s’agit de la mort de la personne qui lui a permis de continuer à vivre. Elle se surprend à soudainement aimer la tarte au citron ou le vin rouge, et elle a de fortes impressions de déjà-vu lorsqu’elle visite le Taj Mahal. Et, cerise sur le gâteau, Charlotte Valandrey finit par vivre une histoire d’amour avec... le veuf de sa donneuse!
L’actrice est donc convaincue qu’avec son nouveau cœur une partie de la vie de sa donneuse a été transplantée dans sa poitrine. On appelle ça la mémoire cellulaire. Une théorie qui a fait réagir en masse le corps médical français, désireux d’avancer des explications crédibles au phénomène, qui n’est, à ce jour, pas prouvé scientifiquement.
" Lorsqu’on vous greffe l’organe de quelqu’un d’autre, on ne vous greffe pas en même temps la mémoire de la vie de cette autre personne ", s’exclamait Emmanuelle Prada-Bordenave, directrice de l’Agence française de biomédecine, sur les ondes de France Info.
" Quand vous êtes en attente d’un organe, surtout d’un cœur, l’organisme est particulièrement affaibli. Après la greffe, c’est comme une renaissance. Le cerveau est à nouveau correctement irrigué. Vous retrouvez des émotions que vous aviez complètement perdues (...), voire des sensations nouvelles. Le greffé va chercher à attribuer ces nouvelles sensations, mais elles ne viennent pas du donneur. "
" Tout cela reste de l’ordre du fantasme, renchérit, dans Elle, le professeur Laurent Lantieri, qui a réalisé la première greffe du visage. Le cœur est un organe comme un autre. En réalité, ce n’est qu’une pompe qui permet d’irriguer le corps de sang. En revanche, les médicaments que nécessite une greffe, et qui sont assez lourds, peuvent parfois entraîner des effets hallucinatoires."
Qu’on croie ou pas à l’histoire de Charlotte Valandrey, elle a au moins le mérite de relancer le débat.
Le docteur en chirurgie cardiaque Franz Immer est aussi le directeur de Swisstransplant. De par sa double fonction sans doute, il opte pour un discours moins tranché que celui de ses collègues français.
- " Franz Immer, avez-vous entendu parler du livre de Charlotte Valandrey ? "
- "Oui, même si je dois vous avouer que je n’ai pas encore eu le temps de le lire. J’en ai surtout entendu parler au travers de commentaires de plusieurs collègues."
- "Quel est donc votre avis personnel sur la mémoire cellulaire ? "
- "Dans ce genre de débat, tout le monde a raison. Même si rien n’a été scientifiquement prouvé, le rapport à la mort a toujours été entouré d’un certain flou. Dans les couloirs des hôpitaux, on entend toutes sortes d’histoires. Aussi bien du côté des greffés que de celui des donneurs d’ailleurs. On se doit de respecter leurs dires, si cela leur permet de mieux accepter la situation."
- "Ce serait donc une sorte de mécanisme antirejet du cerveau ?"
- "Peut-être. Un mécanisme psychologique qui aiderait à accepter un choc aussi grand que celui qu’un nouvel organe en soi, ou l’organe d’un proche, continue à vivre dans le corps de quelqu’un d’autre."
- "Mais de tels témoignages n’ont-ils pas des effets néfastes sur le don d’organes ?"
- "Oui, c’est certain. Si l’on commence à imaginer que son cœur, par exemple, va transférer nos sentiments et nos goûts à quelqu’un d’autre, on peut hésiter à prendre sa carte de donneur."
- "La campagne de Swisstransplant est justement axée sur le droit au choix..."
- "40% de la population suisse n’ont pas encore pris de décision. Qu’ils soient pour ou contre le don d’organes, c’est leur choix. Nous voulons juste les pousser à se décider et à s’exprimer sur le sujet."
Redonner la vie. Forum sur le don d’organes, Rencontres de la Rotonde, Théâtre de l’Octogone, Pully. Ce soir à 19 h 30. Entrée: 30 fr.
Ce texte a été publié sur la liste de discussion du , groupe dont j'ai l'honneur de faire partie. Je me suis permis, pour donner plus d'impact au papier de Bruno Mancusi, de le faire figurer ici en commentaires.
L'original du texte est à
Vous verrais-je venir ...?
Voir aussi "Les mains d'Orlac" de Maurice Renard, qui avait d'éblouissantes intuitions scientifiques, et ce dès le début du XXeme Siècle...
En effet, Maurice Renard avait lui aussi abordé ce thème. Un pianiste se voit (se sent ?) greffer les mains d'un étrangleur...et s'en prend à d'autres touches que celles de son piano. L'intrigue a été portée au cinéma.