Le signal du
sourcier se propage sur WikiPédia. Est-ce la raison pour laquelle
Le signal du sourcier est déclaré épuisé par les libraires consultés...?
Le livre d'Yves Rocard présente un intérêt indéniable pour un ingénieur ; il a d'ailleurs provoqué de saines controverses. Peut-être moins que celui de
Léon Chaumery et
André de Belizal, honorables vanettais, le
Traité expérimental de Physique radiesthésique, publié en juin 1939 par les Editions Dangles.
Cet ouvrage m'a été légué, avec quelques autres sur le même sujet, par un de mes oncles, ingénieur non-conformiste qui ne supportait les X que dans des manifestations dites marginales de l'activité scientifique.
Le signal du sourcier, donc, se propage sur WikiPédia.
Résurgence d'une mentalité universitaire, pour laquelle la qualité d'une publication se mesure au moins autant au nombre de références bibliographiques qu'au nombre d'apports innovants du papier ?
Ressourcement recherché des contributeurs, désireux de s'affranchir du délit d'opinion en attestant de leur adhésion à la religion du fait ?
Ressurgissement du débat entre les tenants de la tradition orale, pour lesquels la chose est vraie si elle a été communiquée dans un cadre de transmission intiatique, compagnonique ou même simplement professorale, et ceux de la tradition écrite, qui ne jurent que par la sainte inscription, le saint papier ou même le saint lien ?
La
recommandation faite de citer les sources est tout à fait légitime, et même légitimante, lorsque l'auteur use de citation, emprunte ça oui là un élément de théorie, une relation d'observation, un fragment de réflexion, mobilise une œuvre existante au profit d'une nouvelle.
Il s'agit à la fois de rendre hommage à un partenaire, de permettre au lecteur de vérifier qu'il n'y a pas d'abus de l'argument de notoriété, de se comporter en honnête maollon d'une longue chaîne de travail.
Elle a tout de même des limites conceptuelles et des bornes pratiques qu'il conviendrait de prendre en compte.
- D'une part, sauf à se limiter à vouloir valider un l'existence historique d'un point de vue considéré comme un fait en soi, sans relation avec sa cohérence, sa pertinence, voire sa démontrabilité, ce n'est pas parce qu'il y a une source que l'eau est potable. En d'autres termes, l'existence d'une référence elle-même vérifiable n'est pas la preuve de la validité de la chose ainsi référencée.
- D'autre part, il est des réalités pour lesquelles les références sont :
-soit de seconde main, telle par exemple l'invocation à un extrait d'un ouvrage introuvable sauf à faire le siège d'une bibliothèque nationale ou vaticane,
-soit même inpossibles à formuler, car l'original est perdu et nous ne possédons que des témoigages de témoignage. J'ean ai vécu unn cas concret à l'occasion d'une recherche sur les deux sens du concept d'égrégore.
___________________________________________________
Je développe un peu l'exemple.
Le mot égrégore peut se oir attribuer deux étymologies, donc en fait deux significations d'origine contrôlée différentes.
Une grecque et une latine.
-1-La grecque s'appuie sur le vocable grec ἐγρηγορώς, egregoros, adjectif signifiant vigilant, dérivé du verbe ἐγείρομαι, egeiromai, s'éveiller. Le mot désignerait une individualité. Une source attestant l'emploi du mot dans un sens religieux est
le livre d'Enoch, éditions Robert Laffont, Paris 1975.
Cette source est citée par WikiPédia dans son article consacré au livre d'Enoch. Toutefois le texte de ce livre est repris, selon son préfacier, de
la traduction d'un texte anglais, lui-même composé en assemblant des manuscrits abyssins repérés à la fin du XVIII° avec des fragments conservés en langue grecque et insérés dans des ouvrages d'un chroniqueur byzantin du X° et d'un polygraphe du VII°...Autant dire que cette source n'est peut-être que le déversoir d'un marécaget littéraire. Le choix du mot égrégore peut, à ce degré de complexité dans la filiation, résulter tout autant d'une erreur d'un des copistes, que d'une approximation stylistique ou démonstrative, d'un des traducteurs, et nous ignorons probablement le mot employé dans le texte d'origine, à supposer qu'il y ait eu texte écrit et non transmission orale.
-2-La latine s'apuuie sur le mor gregarius, relatif au troupeau. Égrégore désignerait alors alors un esprit collectif, bienfaisant ou malfaisant, obtenu ex-gregarius, c'est à dire comme émanation du groupe.
L'article
Egrégore de WikiPédia mentionne bien la dualité des origines potentielles, en conformité avec le
principe de neutralité de points de vue, mais sans citer le livre d'Enoch. Il se borne à parler de légende juive en commentaire à l'étymologie grecque, ce qui peut relever d'un anachronisme involontaire.
___________________________________________________
Ceci pour en venir à dire que le culte du sourçage peut dériver en dogmatisme aveugle. Il conviendrait d'accepter que tout énoncé ne peut être sourcé.
De plus, autant il est facile d'apposer un bandeau stigmatisant un sourçage insuffisant – un robot-lecteur peut le faire tout seul, s'il compte le nombre de balises de type référence et en tire un rapport au nombre de mots ou de lignes du texte de l'article. Dès que le taux serait inférieur à un ratio fixé d'avance, par exemple une référence toutes les vingt lignes, alors le robot affiche le bandeau...autant il devient délicat de le retirer.
Que signifie, objectivement, le mot
suffisament dans le texte "
Cet article ou cette section est sujet à caution car il ne cite pas suffisamment ses sources" ?
Ces bandeaux sont, pour le lecteur, une signalisation ambigue : un article bardé de bandeaux d'alerte est perçu comme pas très sûr, peu crédible, guère intéressant. Bien sûr, cette signalétique peut renforcer l'idée selon laquelle le contenu est tout de même surveillé, donc que l'encyclopédie dans son ensemble est une entrprise sérieuse.
Toutefois, une lecture attentive montre que certaines sources sont inutiles, et que dans d'autres cas l'abondance de sources déclarées ne semble pas – je sais, c'est subjectif – augmenter la qualité de l'article.
Certes, la recommandation faite aux contributeurs de WikiPédia sur l'art et la manière de
citer des sources est pédagogiquement bien venue. Il n'en reste pas moins vrai qu'elle ne fixe pas, et heureusement,
la quantité de sources qui fera la qualité de la rivière. Ceci n'empêche pas de zélés relecteurs – pas tous... – de distribuer du bandeau comme l'administration courtelinesque distribuait du tampon...
Et s'il est facile de coller des avertissements, car aucune justification approfondie n'est requise, il est à l'expérience bien plus difficle de les retirer, car là il faut argumenter serré. Même ceux qui n'ont pas ou plus de raison raisonnable d'être. Il faut souffrir pour faire un bel article...
A titre personnel, je fais partie des maniaques de la citation des sources, à tel point que ce blogue, tout comme le site associé, fait une forte consommation de la balise
| .
Mon conseil méthodologique est de considérer que
le sourçage est une des composantes de la rédaction.
Autrement dit, il est très difficle, assez long et parfois même fauteur d'erreur de disjoindre les deux activités. Le métier de sourceur en enclyclopédie – il y a bien des
peintres en lettres – est ingrat et risqué. Presqu'autant que celui de sour-
ceur en négoce international...
C'est une des raisons qui me font approuver les préconisations des wikipédiens regroupés au sein du
projet source. Je ne voudrais pas que ce billet fasse penser que je m'en désolidarise...
Crédits : l'image est celle de la couverture d'un ouvrage collectif publié par les
éditions Luce Wilquin, 48, rue d'Atrive, 48, B - 4280 Avin, Belgique. qui communiquent :
Le concours de nouvelles annuel de la Fureur de Lire portait en 2005 sur le thème Sources. Les récits des sept lauréats sont ici réunis et plongent chacun à des puits différents. Un ouvrage 14 x 20,5 cm, 100 pages,
J'ai cherché la source dans le mobilier héraldique, mais sans succès. J'ai trouvé la fontaine, la rivière., le puits, mais pas la source.
Si quelqu'un a une idée...
.
Commentaires